Anniversaire
Ô le beau soir de douce ivresse
Où nous croyions rêver tous deux !
Ô chère et sublime caresse,
Premier baiser des amoureux !
Nous nous étions connus à peine
Mais l'un à l'autre désormais
Nous bénissions l'aimable chaîne
Qui nous liait à tout jamais.
Combien, hélas, à se connaître
Finissent par ne plus s'aimer.
Mais chez nous loin de disparaître
L'amour ne fait que s'affirmer.
En vérité, la douce chose !
Une seule âme ! un même cœur !
La vie apparaît tout en rose
Et l'on connaît le vrai bonheur.
Hélas, rien n'est parfait sur terre.
Nous avons bien quelque chagrin.
Et nous sentons notre paupière
Qui se mouille parfois un brin.
Mais on supporte les déboires !
N'est-on pas deux pour y parer ?
Et repoussant les craintes noires
On s'affermit dans un baiser.
Lorsqu'il advient qu'on se repose
Ô qu'il fait bon se souvenir !
Alors bien tendrement l'on cause
De ce qu'on voit en l'avenir.
Charmants projets dont on s'enivre,
Qu'on fait en se tenant la main.
Nous apprenons partout à vivre
Au doux espoir du lendemain.
Le présent trop vite s'envole.
L'avenir appartient à Dieu.
Un bon souvenir nous console
Et l'amour c'est le ciel un peu.
Que nos âmes pleines d'ivresse
Songent au soir délicieux,
A notre première caresse,
Baiser si doux des amoureux.
18 Juillet 1916